“American
Horror Story”, série télévisée américaine créée en 2011, cristallise les
angoisses et tabous insidieusement tapis sous le puritanisme américain. Fait
inédit dans l’histoire des séries (à ma connaissance du moins), les saisons
sont toutes pensées indépendamment les unes des autres.
Focus sur la 3ème en date, "Coven", qui met en lumière les sorcières à la Nouvelle-Orléans en
1830, dans les 1970s et de nos jours. Tout
commence avec le personnage de Zoe (Taissa Farmiga) qui découvre ses pouvoirs d’une manière pour le moins
traumatisante. Ses parents ne voulant prendre le risque de l’exposer au regard
des autres, elle est alors envoyée dans une école composée de trois autres
élèves, sorcières elles aussi. A sa tête, Cordelia Goode (Sarah Paulson)
bientôt rejointe par sa mère, Fiona (Jessica Lange), Suprême en titre,
comprenez Sorcière en chef censée protéger ses congénères. Or, Fiona n’a jamais
été intéressée par les responsabilités qu’une telle tâche pouvait revêtir. Seuls
le pouvoir et la jeunesse éternelle semblent l’animer. Et de jeunesse éternelle
ou immortalité, il en est effectivement rapidement question, Fiona ayant refait
surface à l’école afin d’identifier sa successeuse et de mettre fin à ses
éventuelles aspirations de Suprême… Les prétendantes au titre sont donc la
jeune Zoé mais également Madison (Emma Roberts), starlette hollywoodienne
capricieuse, Nan (Jamie Brewer), élève trisomique, Queenie (Gabourey Sidibe),
jeune fille obèse sans oublier Misty Day (Lily Rabe), sorcière doucement
allumée préalablement brûlée sur le bûcher et depuis retirée dans une cabane au
fin fond de la forêt (et accessoirement obsédée par la musique de Fleetwood
Mac, un vrai régal pour les oreilles d’épisode en épisode).
A cela s’ajoutent les personnages de Marie
Laveau (Angela Bassett), sorcière vaudou immortelle, Marie-Delphine Lalaurie
(Kathy Bates), femme mondaine s’adonnant à diverses tortures sur ses esclaves
et projetée dans l’école de nos jours et la flamboyante Myrtle Snow (Frances
Conroy), ennemie depuis toujours de Fiona. Les figures féminines fortes,
indépendantes et éprises de liberté sont ici mises en exergue. Les hommes sont
quant à eux soit muet (l’homme de maison Spalding), soit mutilé (Kyle, sorte de
zombie), soit doté d’attribut phallique censé asseoir une masculinité bien mise
à mal par des jeunes filles à priori innocentes (The Axeman).
Brillamment écrite et mise en scène, "Coven" met délicieusement mal à l’aise le spectateur lui offrant une lucarne sur les pires travers de l’espèce humaine. Entre horreur et glamour, les clichés liés à la sorcellerie sont certes de mise (sorcières brûlées sur le bûcher, couleur noire omniprésente et surtout Stevie Nicks, "The White Witch" en personne) mais de sorte à mieux les déconstruire.
-V.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire