Puis la rencontre avec le leader des Queens of the Stone Age provoqua le virage à 180° du goupe qui accoucha d'une oeuvre plus complexe et difficile d'accès mais néanmoins plus dense et mâtinée d'une atmosphère lourde et moite des plus délectables.
Les 2 premiers titres de ce nouvel album, lancés en éclaireur sur le Net, laissèrent là encore plusieurs fans sur leur faim... Dans l'esprit heavy de "Humbug", la voix d'Alex, soutenue par les choeurs graves de Nick, semble plus mûre et maîtrisée. Vient ensuite le morceau "Reckless Serenade", sublime, montée en puissance tout en subtilité, esprit à la Lou Reed... Et là on se prend à imaginer un album de rêve: une sorte de rencontre improbable entre les Beatles et le Velvet Underground. La pochette ultra-minimaliste évoquant le "White Album" et le titre "Suck it & see", hommage à peine déguisé à la banane autocollante d'Andy Warhol, viennent un peu plus étayer notre thèse.
Ce 4ème album, même s'il s'inscrit dans la lignée de "Humbug" est, selon les dires du groupe, plus pop que le précédent. Ses influences revendiquées sont donc Lou Reed, Nick Cave, David Bowie... Certains morceaux tels que "She's thunderstorms", "Black Treacle" ou "Library Pictures" évoquent même l'univers des Pixies, mêlant génie mélodique et guitares tranchantes. Le groupe propose un réarrangement de "Piledriver Waltz" présent sur le disque d'Alex et de magnifiques ballades telles "Love is a laserquest", "The Hellcat Spangled Shalalala" ou "Suck it & see". L'écriture d'Alex se veut sans cesse plus poétique et affirmée et les membres du groupe semblent jouer de mieux en mieux , comme le confirme Alex qui a avoué être enfin en mesure de maîtriser tous les accords de sa guitare! Un disque, selon moi, infiniment plus réussi que "Humbug" (que j'adore pourtant), que je ne me lasse pas d'écouter! "Suck it & see" est probablement le meilleur album (avec "Whatever..."?) d'un groupe que je ne pensais pas pouvoir aimé davantage et qui continuera à m'étonner encore de nombreuses années je l'espère...
Certes nos Monkeys n'ont plus grand chose à voir avec ces ados insolents qui avaient pris d'assaut les charts en 2005. Il est d'ailleurs peu probable que l'on ait l'occasion de ré-entendre un jour un disque dans la veine de "Whatever people say I am thats what I'm not" tout comme Oasis n'a jamais reproduit un "Definitely Maybe". Même si de nombreux critiques et fans le déplorent, il faut parfois accepter l'évolution artistique de nos musiciens fétiches et se réjouir du fait qu'ils ne s'évertuent pas à réitérer le même disque de manière toujours plus pathétique sans jamais faire le deuil de leur gloire d'antan. Le 1er album d'un groupe constitue souvent un déferlement de candeur juvénile et dont la spontanéité ne peut perdurer sans quoi elle perdrait de son authenticité et donc de sa beauté insolente. Rares sont les groupes qui parviennent à se détacher de cela pour aller de l'avant et évoluer sans cesse dans leur musique. Alors plutôt que de s'attarder sur la qualité évidente du 1er essai, profitons du fait que nos Monkeys appartiennent à cette catégorie si fermée et qu'ils confirment aisément leur statut de meilleur groupe du monde! Et je laisserai à Alex les derniers mots de cette chronique:
"What you waiting for?
Sing another fucking shalalala".


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