jeudi, janvier 07, 2016

"When you get to hell, John, tell them Daisy sent you..."

Sur le chemin de Red Rock un jour où le blizzard se fait particulièrement féroce, le chasseur de prime John Ruth et sa prisonnière sur le point d'être pendue Daisy Domergue, font escale dans un refuge le temps que les conditions météorologiques s'améliorent. Un programme assez simple en somme à l'exception qu'ils se retrouvent obligés d'accueillir dans leur diligence le major Warren et le nouveau shérif de Red Rock Chris Mannix, tous deux pétrifiés de froid et voulant s'abriter de la tempête. Une fois arrivés à destination, les choses se corsent puisque leur petit séjour à la mercerie de Minnie semblerait se faire en compagnie de drôles de gaillards... Une règle s'impose alors : ne faites confiance à personne!



Pour son huitième long-métrage le maître Quentin Tarantino frappe fort! Dans la continuité de "Django Unchained" et s'inscrivant ainsi dans la tradition old school des double features, il signe un western impeccable! Pour se faire une petit idée de l'ambiance il faut projeter "Reservoir Dogs" quelques années après la Guerre de Sécession, dans la neige, en carrément plus trash et en plus inquiétant. Car il s'agit bien là du mot qui ressort à la fin de la projection : tout du long la peur ne nous a pas quittée. On ne s'attache à aucun personnage tant ils sont tous plus pourris les uns que les autres et la musique originale signée Ennio Morricone (une merveille!) semblerait plus illustrer un thriller qu'autre chose. Agatha Christie au pays des salopards. Le rythme adopté est assez déroutant également puisque la fougue et l'énergie qui caractérisent d'habitude le travail de Tarantino a laissé place à une atmosphère lente voire lancinante  (on prend notre temps, on a 3 heures devant nous, "on ralentit la cadence"...) dans laquelle l'horreur inévitable est palpable. Parmi les personnages, les salopards, on retrouve avec un plaisir non dissimulé des visages familiers aperçus par le passé, on fait le tour de ceux qui ont sublimé la cinématographie de QT en fait : Kurt Russell (le pervers de Stuntman Mike de "Boulevard de la Mort"), Samuel L. Jackson (qui figure dans presque tous ses films), Tim Roth (l'infiltré Mr. Orange de "Reservoir Dogs" et le Pumpkin de "Pulp Fiction"), Walton Goggins (employé de Candieland dans "Django Unchained") et enfin Michael Madsen (le mythique Mr. Blonde et le frère du fameux Bill, Budd). Malgré le casting masculin plutôt attrayant, celle qui crève l'écran à mes yeux c'est bien Jennifer Jason Leigh qui interprète une Daisy Domergue tantôt terrifiante tantôt amusante, une performance d'actrice incroyable!
Comme à son habitude Tarantino s'auto-référence sans arrêt (avis aux fans, c'est un régal de clins d’œil) et surtout s'auto-surpasse! Tout en restant profondément ancré dans son style bien particulier (est-il encore utile d'avertir les âmes sensibles?) il se renouvelle et évolue dans un genre sans cesse plus sophistiqué et une imagerie plus artistique que jamais.  Certains diront qu'il s'agit de son chef-d'oeuvre mais n'est-ce pas ce que l'on dit toujours de son dernier film? 


"Les 8 salopards -The Hateful 8" de Quentin Tarantino, sorti le 6 janvier 2016. 2h48 (3h06 en version longue 70mm). Avec Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Tim Roth, Michael Madsen, Walton Goggins, Bruce Dern, Demián Bichir...



-A.

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